Saturday, March 21, 2020

Protocole psychose

Au Gondwana, le peuple se laisse très facilement céder à la psychose. Après l’annonce d’une petite incendie dans une papeterie, le lendemain, il est sur et certain que tous se rueront vers les épiciers et grandes surfaces pour faire leur stock de papiers toilettes. Et grâce à la spirale ainsi causée, ceux qui ne s’étaient pas empressés de faire la queue au moment de la psychose le regretteront en s’essuyant avec la main, une semaine plus tard, car on ne trouvera plus aucun papier toilette nulle part.

Malheureusement, les incidents indépendants de la volonté du Gouvernement sont si nombreux, qu’annoncer une toute petite mauvaise nouvelle devient un exercice très difficile, et les profiteurs guettent la prochaine psychose collective pour sévir, en achetant en amont les produits susceptibles de manquer, en les cachant puis en les vendant au marché noir le moment opportun.

Le Gouvernement du Gondwana a trouvé une solution pour le moins insolite pour combattre le feu par le feu, et cette solution s’appelle le PROTOCOLE PSYCHOSE.

Il a décrété que, quand le Gouvernement déclare le protocole psychose sur un produit particulier, tous les commerçants, détaillant ou grossiste, ont l’autorisation d’augmenter le prix de ce produit jusqu’à 60% en plus, d’une minute à l’autre. Cette augmentation soudaine est autorisée sans poursuite pendant une journée, mais une journée uniquement. Le jour suivant, cette augmentation est limitée à 50% du prix normal, et surtout, le prix doit être impérativement plus bas que la veille. Le sur-lendemain, c’est 40% et le protocole prévoit la baisse progressive des prix jusqu’à la normale au bout de quelques jours. Les commerçants qui augmentent leur prix ont l’obligation d’afficher l’évolution décroissante du prix du produit dans le temps. Ainsi, quand le Gouvernement avait déclaré le protocole psychose sur l’essence, il y a 4 mois parce que le ravitaillement du pays allait accuser un retard de 7 jours, 15% des stations services ont affiché un prix à 1.5 EUR le litre du GO, contre 1EUR en moyenne pour les autres, au premier jour. Dans les stations qui ont maintenu le prix, ils ne donnaient que 5 litres par véhicules, alors que les gens pouvaient se servir à volonté dans celles qui ont appliqué le protocole.

Et, mon ami, miracle, cela avait marché. Il y a eu quelques queues aux stations services vendant au prix normal, mais il n’y avait pas eu de pénurie. Si tu ne me crois pas, vas à Gondwana, et fais ton enquête.