Wednesday, November 26, 2025

Et si … le vibe research est là

Voici une histoire incroyable, improbable et pourtant réelle. Certains d’entre vous n’y croiront pas.

Jean R. était un opérateur de saisie. Il voulait devenir un développeur informatique mais n’avait réussi aucun des tests pour intégrer une école de formation en informatique. Mais il savait manipuler divinement les outils Microsoft Word et Microsoft Excel.

Un jour, il était embauché par une clinique médicale privée pour numériser les documents papiers d’archive, destinés à être recyclés. Au cours de son travail, il a remarqué un détail intrigant : certains prénoms revenaient beaucoup plus fréquemment avec certaines maladies. C’est incroyable, pensait-il, le fait de porter un prénom particulier peut donc influencer les risques de souffrir d’une maladie particulière…

Il a alors demandé de l’aide à son ami Rémi R., qui était un informaticien spécialiste des big data, dans le but de prouver cette hypothèse. Ils ont donc concocté une analyse par intelligence artificielle et ont été abasourdis par le résultat.

Dans tous les modèles testés, des maladies affectant la prostate sont associées le plus souvent à des personnes ayant des prénoms masculins, généralement entre 59% et 89% des sujets (Jean, Luc, Hervé, …) . Et presque le reste sont associés à des personnes portant un prénom mixte (Camille, Dominique, …) Il était très rare qu’une personne portant un prénom exclusivement féminin ait eu un problème de prostate.

Jean et Rémi viennent donc d’inventer une nouvelle branche de recherche : le Vibe research. Oubliez les études cliniques coûteux en temps et ressources, lancent-ils. Tout ce qu’il faut, c’est une quantité assez importante de données, une bonne intuition et laissez l’intelligence artificielle prouver vos théories.

Depuis leurs découvertes, ils sensibilisent les nouveaux mariés et les nouveaux parents à donner des noms exclusivement féminins à leurs enfants, même si c’est des garçons. Mais les gens sont souvent sceptiques, se plaignent-ils. La seule vraie communauté qui était réceptive jusqu’à présent est la communauté américaine des Flat-Earthers, regroupant des gens qui sont convaincus que la terre est plate.

Ils ont aussi entamé les démarches juridiques pour changer leurs prénoms respectifs en Jeanne et Marie-Celestine.

Concernant le vibe-research, ils ont reçu du dédain et beaucoup de condescendances de la part des chercheurs traditionnels. On sent que ces scientifiques de l’autre époque se sentent très menacés par cette nouvelle tendance, disent-ils. Marie-Celestine, anciennement Rémi. R raconte même comment un statisticien très renommé dont on taira le nom, a réagi à ses recherches : “il a jeté mes conclusions comme de vulgaires ordures et m’a lancé avec un rire sournois que je devais regarder le sexe de ces personnes. Je lui parle de prénoms et il me parle de regarder du sexe. Quel affont! Il me prend pour un amateur de pornographie!”

Il y a même un lobbying politique abominable, affirme Jeanne R, anciennement Jean. Quand je voulais demander plus de données des archives publiques du Ministère de la santé, le responsable ne m’a pas autorisé l’accès à ces données, préférant parler de vie privée et de RGPD. Or, je suis certain qu’avec plus de données, nos programmes d’intelligence artificielle trouveront d’autres liens jusqu’ici insoupçonnés et qui pourront sauver des vies.

L’histoire nous donnera raison dans 50-60 ans, se consolent-ils, quand aucun de ces nouveaux-nés avec des prénoms féminins n’auront de problème avec la prostate.