Wednesday, June 15, 2011

Et si … cette s*l*p* est sadique

Je disais justement à Jentilisa : elle ne dira rien de substantiel, elle écrira des textes gris sur gris, et quand tu l’auras lu et entendu, c’est comme dans ces moments où tu vas à l’Eglise, mais à la sortie, tu te sens encore plus vide et déboussolé qu’avant, et que tu ne te souviens d’un traître mot du prêtre ou pasteur.

Je croyais la connaitre, je croyais pouvoir prédire sa façon de nous torturer, je voyais tracée la suite logique des évènements.

J’ai eu complètement tort. Elle l’a dit, elle l’a écrit noir sur blanc, sans tergiverser. Et pas du tout dans le sens que je présumais. J’imagine bien l’effet de cette résolution sur celui qui avait crû à la consécration quelques jours plutôt: une douche glaciale.

Et finalement, il s’agit d’un remède qui nécessite l’impossible. Sikidy mila voatsiary. Bon, j’ai compris, je suis le malade, et elle est le guérisseur, mais un guérisseur sadique. Elle aime voir ma douleur durer, et les remèdes qu’elle propose ne servent qu’à faire endurer ma souffrance et pour que je dépende encore plus d’elle et de ses services.

Proposer un remède que le malade n’acceptera jamais de prendre, il faut être sadique pour le prescrire, sauf si …

Sauf si …

Sauf si elle aura le moyen de forcer le malade à prendre ces médicaments amers, et si elle veut s’appliquer à les lui faire avaler par la force.

Par la force.

Et vite.

Parce qu’il ne suffira pas de dire “tu les prends ou je te punis”. Le malade préfère la punition aux médicaments amers. Il faut lui faire avaler la pilule par la force, sinon, ce ne sont que des paroles; et lui, il continuera à souffrir.

Tuesday, June 7, 2011

Et si … Jean

Jean. On m’appelle Jean. Je suis Malgache, je suis chrétien.
On m’a toujours appellé Jean, non pas Ra-Jean ou Monsieur Jean ou par un autre patronyme; Jean tout court.

Je ne vais pas à l’Eglise, bien que je sois chrétien. Je crois que Dieu existe, et que le monde n’existerait pas sans Créateur, mais je n’aime pas Dieu. Il m’intrigue, Dieu. Il a une façon de penser si bizarre et si inhumaine.
On dit que si nous sommes obligés de travailler pour manger, c’est parce qu’il a puni les premiers humains d’avoir mangé un fruit interdit. Sa punition est trop cruelle.

Je déteste les serpents, Je déteste les femmes et je déteste Adam. C’est de la faute à eux trois si les humains doivent travailler au lieu de rester tranquillement dans le jardin d’Eden.
Je déteste les femmes. Je n’en ai pas besoin et je n’en aurai jamais besoin. Je n’en ai jamais connu (bibliquement) aucune et cela ne me manque pas du tout.

Je déteste travailler. Au cours de ma vie, il n’y a eu que deux jobs qui me plaisaient assez, mais ça n’a jamais duré.
Mon premier travail, c’était de ramener les enfants de mon patron quand ils rentrent de l’Ecole, mais un jour, j’avais oublié que c’était mercredi, et je venais les récupérer à seize heures alors que l’école ferme à onze heures les mercredis. On m’a renvoyé pour ça. Mes patrons sont comme Dieu, ils veulent faire croire qu’ils sont gentils et bons, mais à la moindre petite erreur, ils infligent une punition disproportionnée. Cela arrive à tout le monde d’oublier quel jour on est, non?
Mon autre travail, c’était de pointer l’arrivée des employés au sein d’une entreprise, et c’est moi qui ai le bouton qui ouvre la porte principale, personne ne peut entrer si je n’appuie pas sur le bouton. C’était un travail qui me plaisait bien aussi, la cantine de l’entreprise me donnait à manger sur mon poste de travail à midi, et le mets varie chaque jour. Mais un jour, un Français était venu, il m’a dit des mots que je ne comprenais pas, alors, je ne l’ai pas laissé entrer. On m’a aussi renvoyé pour ça, c’est trop injuste. Je parle bien ma langue natale, pourquoi dois-je savoir communiquer avec la langue natale de l’étranger, pourquoi ce n’est pas lui qui apprend la mienne?
Il y avait d’autres jobs que j’ai essayés mais qui ne me plaisaient pas, comme transporter l’eau potable des gens mais c’est éreintant, alors, j’ai arrêté.

Donc je vis de mendicité. C’est facile, je reste dans un coin où il y a des passants, je met mon chapeau à côté de moi, et certaines personnes me donnent ce qu’ils veulent me donner, généralement des pièces de monnaies, mais parfois aussi des restes de nourritures.
Je déteste les gens qui me disent qu’ils ont du travail à me donner ou qui disent que je suis assez solide pour travailler et que je devrais avoir honte de mendier. De quoi ils se mêlent? S’ils veulent pas donner, je ne les blame pas. Je ne force personne à me donner quelque chose. Je déteste travailler.
Je n’ai pas honte de mendier. C’est un système gagnant-gagnant. Les gens me donnent ce qu’ils veulent me donner. Il n’y a pas d’obligation de résultat. Je ne suis pas forcé de me souvenir de quel jour on est, je ne suis pas forcé de savoir parler dans des langues étrangères. Les gens ne sont pas obligés de me donner quelque chose. Je reçois simplement ce qu’ils donnent, lâche un petit “Merci infiniment” et eux, en plus de mes remerciements, ils se procurent la joie au coeur d’avoir aidé quelqu’un dans le besoin.
Je déteste les gens qui trichent. Il y a de mes amis mendiant qui exploitent leurs infirmités ou font semblant d’être invalide. Moi, je suis un honnête mendiant.
Je déteste les gens qui volent. Il y a de mes amis mendiant qui se livrent dans le vol à la tire quand ils ne gagnent pas assez. Moi, je suis un honnête mendiant.